13 mars 2017 - Salle 319, 3e étage du bâtiment droit – 14 h 20 - 17 h.
(accès/informations pratiques ici)
Atelier « Penser la/les transition(s) » : Le temps des zad
Organisateurs : Yannick Sencébé (CESAER UMR 1041-INRA-AgroSup Dijon, uB) et
Jean-Louis Tornatore (CGC UMR CNRS uB 7366)
Pour la première séance thématique de notre atelier, nous abordons de front l'instrumentation politique de la notion de transition en tant qu'elle instruit un modèle de développement qui aurait un double objectif, celui de redéfinir un optimum à atteindre, un développement vraiment durable, une croissance nécessairement verte et celui d'éclairer le futur contenu dans cet objectif, c'est-à-dire de couper court aux perspectives sombres et catastrophistes en faisant valoir que les solutions existent non pas au-delà de la catastrophe ou après, mais contre ou parallèlement à la catastrophe (tel est par exemple l'argument massue de l'Appel des Colibris). Il s'agit donc de confronter le monde contenu dans cette instrumentation et celui ou ceux qu'esquissent des expériences radicales nées de mouvements sociaux plus ou moins organisés de manière à pointer le type de transition qu'ils induisent : (si on part de l'étymologie du mot) transition par rupture, par changement radical d'état ou transition par changement adaptatif. Les zad sont de ces expériences, nouvelles, qui apparaissent, en dépit ou à cause de leur radicalité publique ou publiquement perçues, comme étant constamment traversés par ces tensions et contradictions que recèlent et génèrent la notion de transition. Tensions et contradictions entre rupture à l'ordre existant et réappropriation des savoirs, des savoir-faire, des mémoires des luttes ; entre geste « irruptif » et geste inscrit dans une « tradition » ; entre fermeture et clandestinité et diffusion par capillarité des expériences ; entre épiphanie du lieu auquel on s'attache et éloge des liens dans lesquels on s'engage... Interroger ces tensions et contradictions, c'est les placer sous cette interrogation qui nous semble aujourd'hui cruciale : quel est le temps des zad ? Quel temps y fait-il ? Quel temps leurs habitants y font-il ?
Nous avons pensé cette séance sous forme de duos à propos de deux zad, celle de Notre-Dame-des-Landes et celle du quartier libre des Lentillères à Dijon, réunissant des chercheurs/es et militants/es, Jean-Baptiste Comby (Centre d'analyse et de recherche interdisciplinaire sur les médias (CARISM) / Institut français de presse (IFP), Université Paris II Panthéon-Assas) et Yannick Sencébé (CESAER UMR 1041-INRA-AgroSup Dijon, Université de Bourgogne), et des habitants/es-militants/es de ces expériences. Ce sera l'occasion d'éclairer la façon dont se croisent parcours activistes et sociologiques et ce que l'engagement dans ces expérimentations-alternatives radicales fait faire, c'est-à-dire en quoi il influe sur une définition mobilisée et orientée des sciences sociales.
Entrée libre, sans inscription,
dans la limite des places disponibles
Bibliographie
- Jean-Baptiste Comby, La Question climatique. Genèse et dépolitisation d’un problème public, Paris, Raisons d’Agir, 2015 ; « Se battre et, dans le même geste, inventer d'autres manières d'habiter le monde », entretien avec le collectif Mauvaise Troupe, Savoir/agir « Des alternatives à géométrie variable », n° 38, janvier 2017, p 61-68.
- Collectif Mauvaise Troupe, Constellations : Trajectoires révolutionnaires du jeune 21e siècle, Éditions de l’Éclat 214 ; Contrées. Histoires croisées de la zad de Notre-Dame-des-Landes et de la lutte No TAV dans le Val Susa, Éditions de l’Éclat, 2016.
- Yannick Sencébé, « Quand la défense de la terre nourricière s’invite au cœur des villes. Empaysannement de luttes urbaines : l’exemple du Potager Collectif des Lentillères », Pour. La revue du Groupe Ruralités, Éducation et Politiques, 2013/4 (n° 220), p. 327-336.
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